Musique Classique maestro

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Musique Classique maestro

Hier je me suis offert 2 heures de classique. Avec un accord mineur sur le fartage au klister et en désaccord majeur avec ma technique de bourrin j’ai pris la direction d’une symphonie champêtre loin de la foule des quatre saisons, une toccata et fugue du boulot bien méritée. Baguettes plus courtes et skis plus longs, j’ai chaussé mes nouveaux violons d’Ingres et je me suis mis au diapason de ce geste si particulier qui fait passer le skating pour du hard rock. Appuyé sur mes nouveaux pupitres je déchiffre la partition dans cette neige légèrement défraîchie, une portée à peine visible de deux lignes où mes spatules se relaient en bons métronomes. De part et d’autre mes bâtons y inscrivent en contrepoint de belles notes rondes sur le rythme allegro ma non troppo que je me suis fixé. Dans cette atmosphère pastorale, le chant des oiseaux m’accompagne et le ruisseau murmure à mes oreilles. Je décolle le talon, lance les bras, j’ai l’impression de faire des entrechats et il ne me manque que le tutu à mon costume pour être un petit rat d’opéra ! Restons concentré parce que, avec le transfert de poids, ce geste est un modèle d’équilibre et de précision. Dès que j’y vais de mon interprétation, la contrebasse court, dès que je m’y crois, la fausse note est là. Le problème en classique c’est l’impulsion. Donnée trop tôt, la belle envolée lyrique se transforme en pas de fourmi, genre papy mamie en vacances. Donnée trop tard, vous prenez la secousse du recul d’un coup de fusil avec la gambette qui tente de s’arracher de votre bassin. Mon autre souci de chef d’orchestre du jour c’est les instruments que j’ai aux pieds. Quand ils sont prisonniers des traces tout va bien, les skis vont de concert et tiennent la corde, mais dans le deuxième mouvement de terrain, quand la neige leur jette de la poudreuse aux yeux, les choses se compliquent. Ils n’en font qu’à leurs têtes, ils marchent en canards, piquent des staccatos de colères et il y a des bruits de bottes dans la chambre à fartage. Il est temps de se rappeler les cours de solfège de mes professeurs quand je préparais mon concours d’entrée au challenge des moniteurs. Je fléchi les chevilles, tape du pied et je leur demande d’arrêter leurs numéros de solistes pour rentrer dans le rang parce que sinon je vais finir en double poussée, juste avec les bras ! Comme il n’y avait pas d’alternative à l’alternatif, les maestros de la glisse ont repris leur crincrin quotidien. Contrairement au skating, le classique me fait prendre le temps. Ne maîtrisant pas assez le sujet, j’y respire sans faire la course et quand les cuivres chauffent un peu trop, on peut marcher tout simplement. Je suis monté jusqu’à la Palette et j’allais entamer un oratorio en me lançant dans la fameuse montée des champions, mais cette fois c’est le temps qui s’est gâté. De gros nuages annonçaient une tempête et j’ai ramené mon style baroque sur la voie de la sagesse dans une lente descente en file harmonique ! J’ai salué de manière théâtrale, le ciel me jetait des flocons et j’ai pris cela pour un compliment.