Là, ça envoie du gros, du très très gros. C’est pas du tourniquet ni de la sortie de blaireau que je viens de m’envoyer MÔssieur : 70 bornes de bitume bouclés en même pas 3 heures, avec du dénivelé s’il vous plait. Attention, pas de la bosse du plat pays, ni de la taupinière de Maurienne, on parle d’un col de compète, de la grimpe pure et dure, le juge de paix du maillot à pois chiche, le Col de Tamié bien sûr! En partant de Beaufort, j’ai fondu vent de face sur Ugine et Faverges. Piste cyclable et gros plateau en tournant les jambes façon Froome, rien à dire, je suis dans le ton. Après, j’ai bousculé le chrono et grimpé le géant des Bauges à 15 km/h de moyenne! Les puristes verront tout de suite que je n’étais pas là pour acheter du fromage. La suite, faut reconnaître, est exceptionnelle! Descente vertigineuse comme un forçat de la route, traversée de la ville Olympique, seul au monde concentré sur les pédales et remontée triomphale sur Beaufort, la machine à plein régime, sans fausse note cette fois et sans me faire enrhumer par un pédaleur à la petite semaine. Oui, pas un seul type dans le rétro, jambes rasées et bronzées, le compteur à 4 chiffres qui commence à 30 km/h. Pas un seul de ces gars, le bronzage agricole opulent qui te dépasse avec sa carlingue rutilante en parlant tranquillement et à qui je réponds d’habitude dans un souffle rauque inaudible « Bonjour !». Il est 19h30 et avec un rapide calcul de tête on frôle le 23,5 de moyenne pourtant je suis à peine entamé. Raymond Martin peut être fier parce que je porte ses couleurs et Bernard Thévenet peut clamer haut et fort que mon premier vélo était un Peugeot comme le sien. Si on se projette dans le passé, depuis juin, j’ai bientôt 550 bornes au compteur virtuel. Je sais, ça frise l’indécence. Si on y rajoute pratiquement 9 heures de crapahute dans les montagnes du coin et 2 heures de squash ça devient insoutenable. On sent le programme de ouf, millimétré, avec des objectifs précis, pondu par les grands pontes de l’entraînement, pensé des minutes à l’avance, suivi à la lettre par un gars qui signe son retour au premier plan le couteau entre les dents. Pas de place pour l’improvisation et l’amateurisme, ça pèse de la calorie, ça régule du lipide, ça élimine de l’aligot élément, ça détox du globule rouge millésimé. Avec de tels chiffres y’en a qui commencent à trembler sur leurs spatules, à mouloyer du genou, à tachycarder du thorax et à rabattre du skate dans leur garage. Faudra pas venir me chercher des excuses fartages les Tontons Flingueurs de la longue distance, faudra aller se rhabiller rapidos si je suis dans la mêlée, parce que là, le Bernard Blier qui sommeille en moi va éparpiller sévère, un bourre pif et crack, plus personne debout. « Hého, debout, Franck, debout ! - Hein…Quoi… - Debout Franck, réveille toi, c’est l’heure d’aller bosser. - P….., je me suis encore endormi devant Jean-Pierre Pernaut ».