Cathar(e)sis day one

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Cathar(e)sis day one

Après un autoportrait (l'Hérault à vélo ! ), retour à plus d'humilité et un peu de lecture sur une rando vélo en pays Cathare...

Cathar(e)sis . Day one

Malgré la solitude, la fatigue et un nouvel épisode Cévenol, il a poussé son vieux vélo (carbone tout de même !) dans le minibus. L’esprit encombré de mille suppositions il a consciencieusement rempli son sac fétiche de tout un attirail et pris la direction du Sud. 5 heures plus tard il était à Sète. Son GPS légendaire* n’a fait qu’un tour pour trouver le rendez-vous, de retour dans le groupe il ne voulait pas rater sa rentrée. Juste à  l’heure, il était là, sur la place, au panoramique des Pierres Blanches. Eux aussi sont là. Quelques uns se retournent, d’autres sont affairés dans le réglage de leur monture. Un peu gauche, il hésite sur les prénoms, tarde à replacer les pièces du puzzle de visages qui défilent. Comme toujours, sa mémoire lui joue des tours et après dix années d’éloignement, le job paraît insurmontable. L’empressement lui fait dire des banalités de pluies et de beaux temps, il y a comme un parfum de schizophrénie qui le gagne. Réfugié dans le coffre du minivan, à l’abri des regards, il fouille maintenant dans son sac avec une agitation maladive. Ses mains enthousiastes cherchent une tenue de vélo qu’il enfile avec avidité. L’effet est immédiat. Son « précieux » le transporte enfin sur la bonne planète, celle qu’il maîtrise, celle où il a le bon mot, celle qui le fait exister depuis toujours aux yeux des autres, lui, le sportif. Que fait-il là ? Il l’ignore, et d’ailleurs peu lui importe. D’un pas désormais assuré, il retrouve son vélo, complète ses poches de musique et de fruits secs puis se glisse dans le groupe.  Les consignes de route sont données, top départ, le ruban noir défile enfin sous ses yeux, il est heureux. Marseillan, photos de roseaux qui dansent sur la dune, film de vagues qui s’écroulent sur la plage, senteur d’embruns portés par le large. Agde, les langues de sables sorties de la plage viennent lécher les pneus de son fidèle compagnon, les mains passent de la guidoline à son visage, le sel iodé sur ses tempes prend le gout de la vie. A la bifurcation vers les terres du pays Cathare, la musique du canal du midi se fait plus douce, la tête se relève et son regard se porte un peu plus loin. Les racines des vieux platanes clairsemés perturbent son écran et bousculent sa trajectoire mais le pilotage est un don qui ne l’a en fait jamais quitté. Le sourire des piétons qu’il croise l’accompagne encore longtemps mais il le sait, l’escapade de ce jour devra bientôt se finir. Il joue au petit poucet avec les petits cailloux bien rangés du pont canal, regarde, badaud, les 7 écluses de Fonceranes qui transportent les bateaux sur les hauteurs. Les toutes dernières flèches de directions peintes à même le sol transpercent la bulle,  il rentre dans Nissan et la clé numéro 7 referme l’espace derrière lui. Calmement il enlève sa tenue et se blottit sous la douche. C’est toujours pareil, la descente vers l’anonymat est un long couloir de tranquillité.

*ceux qui me connaissent le savent, je voyage tout aux panneaux,  sans GPS et sans carte

To be continued.