Papy Glières

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Papy Glières

Bonjour Papy Glières, Je suis bien rentré chez moi, tu sais, chez ton lointain cousin historique Savoyard des Saisies. Comme je suis vite parti dimanche après la course, je n’ai pas eu le temps de te dire au revoir et je voulais m’en excuser. Pour me faire pardonner je t’envoie ce petit mot pour te dire combien j’ai aimé passer ma journée dans ton jardin et pour te raconter mes péripéties. Avec Karl on est arrivé tôt, sac sur le dos, par les chemins de traverse depuis le Petit Bornand. Chez Constance, nous avons chaussé nos skis de fond pour rejoindre le départ à travers champs. Je n’avais pas pris mon trait d’humour habituel parce que j’ai toujours l’œil embué quand je viens te voir, toi, le Plateau des Glières. Je pense fort à ceux qui t’ont protégé, à ceux que tu as défendu au nom de la liberté. Je sais que c’est une autre histoire, mais je ne peux pas m’empêcher d’y penser. Mon frère ne te connaissait pas en hiver. Je lui ai dit que tu n’avais pas changé. Je lui ai décrit tes sous-bois grimpants, tes rondeurs autour de la plaine de Dran, ton parfum d’harmonie qu’il fait bon respirer. Je lui ai montré, dessous Tête Noire, le teint voilé par l’histoire, la Chapelle et la médaille de la Résistance que tu portes à ton cou. Petit à petit, la grande famille des fondeurs s’est rassemblée et sur le coup des 9 heures on était 900 à être venu te voir ! Nous avons sorti de nos musettes, pêle-mêle, les gâteaux secs, les oranges et le thé pour le casse croûte. On a eu le temps de brosser nos skis et ils ont donné l’assaut. La première ligne a déferlé et s’est étirée au gré de l’effort. Il y a eu quelques chutes ponctuées de jurons et d’éclats de bâtons qui jonchaient le sol mais je suis resté debout. La première côte passée, le soleil a enfin déchiré la matinée. L’instant est devenu moins solennel et cela faisait comme une chaîne humaine de fondeurs qui t’encerclait de ses pas cadencés. Après être passé chez Gautard, les sourires se sont fait plus larges et on s’est un peu taquiné dans les rangs, on essayait de reconnaître ceux qui montaient sur Cros au pas de charge alors que nous on en revenait ! Au bout d’une heure trente j’étais en haut des Mouilles quand j’ai entendu le cri de la victoire pour Mougel. J’avais encore 5 kilomètres à faire mais j’ai quand même fait cocorico ! 15 minutes après lui j’ai franchi la ligne pour de bon en 67 ième position.  La suite, tu la connais, on ne pouvait pas descendre à Thorens alors on a pris le chemin de la maison, heureux de notre journée. J’espère revenir l’année prochaine, je t’embrasse fort, au revoir Papy Glières.