La Traversée de la Ramaz.

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La Traversée de la Ramaz.

Ce n’est pas un désert, ni un pont, ni même un cours d’eau, la Ramaz c’est un col. Un jour quelqu’un a eu l’idée d’en faire l’aller retour entre Sommand et le Praz de Lys à ski de fond. Quelle drôle de course, 30 kilomètres, 750 mètres de dénivelée positive au milieu des pistes de ski alpin. Une année le départ est d’un côté puis l’année d’après il est de l’autre. Cette fois c’était le Praz de Lys qui nous régalait parce que, à l’arrivée, on mange la soupe délicieusement préparée dans un grand chaudron depuis tôt le matin… et des tripes. Avec mon dossard vert de leader des vétérans 3 sur les épaules me voilà sur la route. Les bénévoles jouent les gardes-barrières et bloquent les skieurs goguenards qui regardent passer le train des fondeurs en direction de Sommand. Dès les premières rampes, le TGV se transforme en tortillard et il me faut un grand verre de thé au sommet du col pour cacher le goût du sang dans la bouche, refroidir la chaudière, la surchauffe n’est pas loin. Heureusement, quand on monte on redescend. Cannes sous les bras (vieux réflexe d’alpin), je me refais une santé. Toutes sirènes dehors, on double, on double à en oublier qu’il faudra rentrer dans l’autre sens tout à l’heure. Pour instant j’en profite, j’ai des wagons accrochés à mes skis et je me prends pour une loco qui carbure au charbon dans la plaine. L’aiguillage des 15 kilomètres est passé, pas le temps de faire du tourisme, un deuxième verre de thé et il faut s’en retourner. La pente est douce et je mène bon train quand un de mes wagons me dépasse ! C’est la première féminine et je n’ai pas les moyens de la suivre. Un deuxième lui emboîte le pas puis un troisième. Chauffe Marcel, chauffe, on va pas se laisser faire ! Ca bourdonne dans les oreilles, je tire la langue, les bras de la loco ne tournent plus, le souffle est au rupteur et je bascule au sommet avec la cage thoracique explosée (j’en tousse encore aujourd’hui). Une fois de plus la descente va me sauver. Je reprends les fugitifs et viens me placer derrière la première fille, journée de la femme oblige. Ma micheline s’appelle Caroline et elle me déposera juste avant d’entrer en gare du Praz de Lys où je pointerai avec 9 minutes 53 secondes 3 dixièmes de retard sur le premier. On refera le monde du ski autour d’une bière avec le chef de gare local, en compagnie d'autres voyageurs je ferai le plein de soupe (pour les tripes y’avait trop de monde) avant de reprendre la route de mon train-train quotidien, le prochain express n’est pas avant dimanche prochain.