Cathar(e)sis day two

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Cathar(e)sis day two

Un grand bravo aux 42 psychanalystes qui ont lu jusqu'au bout day one, et une grande fierté de vous avoir fait ouvrir le dico à la page Catharsis !

Cathar(e)sis, Day two

L’ordinateur froidement replié sur lui même est maintenant rangé dans le sac, il faut se remettre en mode public. Patience.  L’intégration réussira, c’est sa marque de fabrique. Déjà l’humour le reconnecte aux autres et sa culture le place malicieusement  dans les discussions. Ce statut d’électron libre lui convient bien et il quitte le village sous un ciel chargé. La météo prend alors la couleur de ses pensées, le ciel se libère des contraintes. Sans cartes ni attributs de conduite, sa route est tracée de moyens mnémotechniques un peu douteux : Tous à Poihles, j’ai un cailloux dans Montoulier, ça Minerve la pause café, Trèbes de plaisanterie, à quoi ça sert qu’il se (dé)Carcassonne. Après midi : l’affaire Cazilhak, on se Pomas(galski), il faut aller se Pieussé, Limoux c’est pas dur, et pour finir Alet dans le Bains. Son lien au terroir non plus n’est pas altéré. Il aime le prochain virage, le prochain village, le prochain paysage. Après quelques passages aux avants postes, juste histoire de poser les bases de ses intentions, les kilomètres s’empilent comme de la pierre sèche dans les gorges de la Cesse sans passer chez Sosh. Mnémotechnique j’ai dit ! Sur l’autre colline les éoliennes gesticulent, brassent l’air et tirent le jus de la terre. Là haut, de petits cèdres chétifs bravent le vent, là bas au Sud, l’horizon se souligne d’un joli trait de Méditerranée.  Dans les raidillons ce sont les premières escarmouches. Pas trop vite, pas trop tôt, il a mûri. Même si ce n’est plus l’essentiel, ça fait du bien de se lâcher. Sur le vélo bien plus qu’ailleurs, les sensations du passé sont en mémoires. Sprinter jusqu’à plus mal, grimper jusqu'à plus d’air, les jambes plombées d’acide lactique, le cœur au bord du soufre, il recherche les preuves de son histoire et fouille le présent. Du haut de ses 51 ans, chaque souvenir compte. Curieusement ceux de vélo sont accessibles, l’illusion est presque parfaite dans les descentes un peu moins en montée. Ce n’est pas sa faute, le LOOK KX Light n’est pas si léger que ça et le tour de cuisse n’est plus celui de la grande époque. De place sous les platanes en place sous les platanes, le groupe charge jusqu’à la citadelle de Carcassonne. Elle dresse ses tours, le vent baisse la garde et ils entrent en vainqueurs au milieu de la foule, bicyclettes aux pieds, les cales sous les chaussures résonnent comme des sabots sous le pont levis. Il accroche un sourire à quelques clichés anniversaires et remonte dans une large vallée. Il est 5 heures, une façade d’abbaye nous accueille, droite comme la religion mais sans fond ni profondeur. Des arches donnent dans le vide, des portes s’ouvrent sur le ciel, détruite par les guerres de religion et la révolution elle est aujourd’hui protégée au même titre que les arbres plusieurs fois centenaires qui l’entourent. C’est lui aussi cette image. Une façade historique protégée par quelques médailles et dont le revers donne sur le quotidien.  C’est alors qu’une fenêtre bleue, tout de Skype revêtue, se fend d’un « Bon anniversaire Papa » qui résonnera longtemps dans sa tête. Il est temps d’être apaisé, un repos monacal s’offre à lui entre cassoulet maison et blanquette de Limoux.

To be continued