Y'a pas de p'tit col. Défense.

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Y'a pas de p'tit col. Défense.

La parole est à la défense dans l'affaire dites des p'tits cols

ô pourfendeur du kilomètre, cher maître compteur de l’asphalte, j’ai vérifié via Michelin votre aparté concernant ma virée cycliste des p’tits cols pour constater qu’effectivement les 100 kilomètres n’y sont pas et qu’il aurait même fallu que je fasse un tour de parking supplémentaire pour seulement tutoyer la barre des 80 bornes. Cependant, cher rabatteur de braquet, je compte bien me débattre pour la moyenne de 33,3333 annoncée. Tout d’abord, cher pourvoyeur en cassation, pour ne pas encombrer de détail mon récit relatant d’ordinaire la vérité et rien que la vérité j'avais occulté un certain nombre de chose et il convient de préciser ici et maintenant les horaires de départ et d’arrivée. En réalité je suis parti après les infos du journal de France Inter, il était donc 17h06 et après un SMS, très succin je vous l’accorde cher métronome de l’éthique, mais en respectant les majuscules et l’orthographe, j’ai mis mon premier coup de pédale à 17h11 en direction de la piste cyclable, le bus électrique de la ville pourra témoigner car il avait priorité au pied de la montée de Conflans.

Pour le retour, mon récit stipule que je me suis assoupi à 20 heures. Par déduction, monsieur le Sherlock Holmes du road trip je suis arrivé bien avant, probablement vers 19h53 si je me réfère à l’angle des rayons du coucher de soleil sur ma rétine et à la fin de l’émission « le téléphone sonne » dont l’objet était la fréquentation touristique de cet été 2017. En général à mon retour, je pose le casque, dégrafe les écouteurs, dépose le portable, vide les poches dans la poubelle, range mon vélo dans le coffre, pose les chaussures, m’essuie le visage avant de me changer, le tout pour la modique somme de 7 minutes. Vous conviendrez, gentil bourreau de moyenne, que ce n’est pas abuser lorsque l’on sait que j’ai enfilé un jean à bouton et des chaussures de patron à lacet dont je ne comprends toujours pas le trajet pour les resserrer après 4 mois d’utilisation.

Dans cette première partie, cher inquisiteur de mon appendice nasal,  je me suis légitimement octroyé une remise de peine sur ma moyenne pour la faire remonter à un niveau convenable sans bouger un seul orteil, mais ce n’est pas terminé.  Je ne doute pas que vous ayez lu entre les lignes mes déboires jusqu’au sommet du col de la Forclaz. Il n’a pas échappé à votre sagacité d’expert sans faux col, que je me suis attardé plusieurs minutes pour récupérer mes esprits après avoir frôlé l’apoplexie. Si, lorsque j’étais jeune et beau mon petit cœur redescendait illico à des niveaux proche du sommeil, aujourd’hui la descente cardiaque traîne des pieds, la cinquantaine étant largement derrière moi. Tout cela pour dire qu’en contrôlant l’horaire des clichés postés depuis tout là-haut, j’ai mis aux bas mots 8 minutes avant de me laisser choir vers Talloires. Si j’avais su qu’un contrôleur verbal inopiné décortiquerait ma moyenne comme une cacahuète j’aurais pris la poudre d’escampette un peu plus tôt.

Sans rentrer dans les excuses de cette sortie cyclotouriste de base me voilà déjà sur les traces d’un 31 de moyenne plus avantageux et avant même d’évoquer la plastique de mon texte, les envolées homériques, les licences poétiques, il me reste deux minutes à retirer pour une photo et deux textos envoyés depuis les rives du lac à 18h49 et 18h51 afin de corriger une erreur de frappe qui avait placée cuisine au lieu de courage, ce qui donnait « bon cuisine » au lieu de « bon courage », ce qui n’avait rien à voir vous en conviendrez cher dérailleur des lilas, mais que j’ai quand même corrigé de peur que ma fille croie que je me fichais d’elle, ou pire, qu’elle croie que j’avais perdu les pédales. Deux minutes sont encore à retirer en dernière instance Votre Honneur de la piste cyclable, lorsque je m’arrêtais à 4 reprises pour tenter en vain de remplir ma gourde. Sans prendre à parti l’avocat du diable qui pointe régulièrement sa fourche sur les routes du Tour de France, je suis donc maintenant sauvé du naufrage d’une moyenne déraisonnable en approchant les 32 kilomètres par heure dans une étape de montagne.

La partie qui suit est plus subjective très cher Papillonneur Mathématique. Après les faits et le concret, je voudrais évoquer ici le monde littéraire. Entre effets de manche et satire verbale, il convient dans ce milieu de ne pas prendre les mots au pied de la lettre ni la lettre au pied du col. L’effort, la fatigue ou le manque d’oxygène que vous m’invoquez cher déontologue du chronomètre, sont des concepts abstraits et susceptibles (comme j’ai pu l’être en première lecture) d’être interprétés. J’ai malheureusement fait l’amalgame avec le véritable tour du lac très proche des 100 kilomètres annoncés, mais il fallait lire derrière ce stratagème cher houspilleur des parkings, que j’avais véritablement trouvé le temps long sur ce parcours jusqu’à supposer approcher cette distance faramineuse.

Alors je plaide coupable, voilà c’est dit. Avec cette repentance mon cher démystificateur grammatical, si une faute avouée est à moitié pardonnée, que devrais-je dire d’une moitié de faute ? Si j’ai rigolé de mon forfait médiatique en vous donnant un chiffre à quatre unités derrière la virgule alors que je ne dispose d’aucun dispositif électronique capable de me surveiller, j’ai été encore plus ravi d’être jeté en pâture sur la scène facebookienne pour rappeler combien je fais cela pour amuser la galerie.

Là devait s’arrêter cette adorable petite polémique de compteur, ouverte par un partisan de l'apostrophe publique, mais je veux absolument avoir le dernier mot, car vous le savez très bien, j’aurais pu tenir une moyenne de fou si j’avais voulu. Ma plaidoirie, cher cow boy du net, aurait pris des voies plus terre à terre du genre j’étais parti en mode pépère, j’aurais dû prendre un vélo plus léger, un développement moins rouleur, deux gourdes, ne pas m’arrêter aux stops et cela aurait été une autre histoire.

Finalement, cher ami de la confrérie de la pizzéria et de l’écöelle, j’ai donc pris mes désirs pour des réalités. Merci d’avoir titillé mon égo de la plus belle des manière, merci cher procureur de l’électrique d’avoir accordé des circonstances atténuantes et très peu de sérieux à mes allégations qui n’ont pas d’autre but que de renforcer dans le rire une amitié sincère. Au nom de toutes les moyennes bafouées, merci cher copain du cale-pieds de m’accorder la relaxe en charentaise pour la fin de saison, j’espère que vous continuerez de me vouer une admiration sans bornes (!) et quitte à appairer quelque chose autant que ce soit l’apéro ! je t’embrasse mon St Michel.